Tchad : SENAFET/JIF, célébration de l’élite

Au Tchad, la célébration de la JIF a été instituée en 1987, puis complétée ensuite par la Semaine nationale de la femme tchadienne (SENAFET) en 2002. Cette semaine se veut un cadre de réflexion, d’échange et de partage pour une mobilisation en faveur de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes afin de valoriser la femme au sein de la société.

Cependant, il semble que la politique en matière d’autonomisation, de formation des femmes dans des activités génératrices de revenus et de les accompagner est vide de sens. Aujourd’hui plus que jamais, les défis de la valorisation et de l’autonomisation de la femme tchadienne s’imposent. Des femmes se trouvent dans des situations précaires. Elles ignorent l’existence de la SENAFET et de la JIF. L’essentiel pour elles, c’est de pouvoir assurer leur survie.

En faisant le tour de la capitale, le chagrin des femmes ambulantes, celles qui s’exposent quotidiennement au soleil en vendant de l’essence, ou encore le cas de ces femmes concasseuses qui se battent jour après jour pour leur survie, est palpable. Par conséquent, elles se disent fières de la manière dont elles gagnent leur vie et répondent aux besoins de leurs enfants. Il convient de noter qu’au-delà des conditions de vie des citadines, les femmes rurales restent dans l’oubli.

Pour Daba Providence, journaliste, « l’organisation de la SENAFET/JIF ne me touche pas ». Elle s’interroge sur l’apport de la célébration de l’anniversaire de la SENAFET/JIF depuis plus de trois décennies au Tchad. Selon elle, chaque année, les femmes ne se focalisent que sur les festivités folkloriques, dans des dépenses inutiles. Certaines en abusent lors de cette journée, elles sortent de l’ordinaire, autrement dit, arrivent au point d’en découcher. Elles justifient leurs actes en relevant que c’est leur journée.

Beaucoup pensent que cette fête est simplement un moyen de retrouvailles entre « les femmes dites élites ». Cette fête ne profite pas aux femmes vulnérables, illettrées et surtout celles du monde rural. L’amélioration des conditions de vie des femmes n’existe que dans les discours politiques.

En effet, le fléau le plus marquant et touchant plus d’une personne dans cette histoire est la stigmatisation des femmes au sein du foyer et dans le milieu administratif, sans oublier les cas de violence basée sur le genre (VBG) que subissent les femmes. Par conséquent, la question qui préoccupe est de savoir quelle stratégie adopter pour permettre une réelle autonomisation des femmes tchadiennes dans tous les secteurs. La promotion des femmes semble être une étiquette réservée aux femmes considérées comme « élites » au détriment des femmes vulnérables et rurales. Cela montre une politique hypocrite et mensongère à cet égard.

Ainsi, la journaliste Providence plaide pour que l’on accorde à la femme tchadienne la place qui lui revient de droit, à savoir la concrétisation du quota de 30% dans toutes les instances.

Il convient de noter que la SENAFET a pour objectif de créer une période de réflexion et d’analyse de la contribution des femmes au développement. Cette festivité est l’occasion idéale pour les femmes de mener différentes activités qui s’inscrivent dans le cadre des plaidoyers en faveur de l’adoption et de l’application des textes et politiques en faveur des droits des femmes.