transition énergétique juste, les leçons de l’Afrique du Sud et du Sénégal

La transition énergétique en Afrique : enjeux et perspectives

Introduction

Imaginez un pays dont l’économie est parsemée de coupures de courant, où l’obscurité s’installe dans les foyers, les entreprises peinent à fonctionner, et où la dépendance à une ressource naturelle constitue un frein à l’innovation. C’est le cas de l’Afrique du Sud, un pays où le charbon représente plus de 80 % de la production d’électricité. Alors que le monde se tourne vers des alternatives plus durables, l’Afrique du Sud, ainsi que d’autres nations africaines comme le Sénégal, se trouvent à un carrefour critique. Le développement des "Just Energy Transition Partnerships" (JETP) a pour but de soutenir ces pays dans leur transition énergétique, mais que signifie réellement ce changement pour ces économies émergentes?

En 2021, lors de la COP26, l’Afrique du Sud a été la première nation à signer un accord JETP, un engagement audacieux pour son avenir énergétique. Plus récemment, en juin 2023, le Sénégal a également conclu un pacte similaire avec l’International Partners Group (IGP). Certes, ces partenariats sont des pas importants vers un avenir sans combustibles fossiles, mais ils portent en eux des défis inédits et des nécessités de respect des réalités sociales et économiques. Comment ces pays parviendront-ils à équilibrer la sécurité énergétique et la décarbonisation?

L’Afrique du Sud : Entre crises et opportunités

La réalité du secteur énergétique

L’Afrique du Sud est confrontée à une situation délicate. Avec un système énergétique saturé par des problèmes de maintenance et confronté à des pannes d’électricité récurrentes, la sécurité énergétique est devenue une priorité essentielle. Le pays a connu des périodes de "load-shedding" – une méthode utilisée pour réduire la demande électrique en coupant l’approvisionnement dans certaines zones – depuis 2008, mais la situation s’est dramatiquement aggravée ces dernières années.

Les statistiques parlent d’elles-mêmes : en 2023, l’Afrique du Sud a enregistré plus de 335 jours de délestage, un chiffre alarmant qui témoigne de la fragilité du réseau. La croissance du PIB a stagné en dessous de 1 % par an, et les coupures de courant ont paralysé l’économie. Face à ce tableau, le vieillissement des centrales à charbon du pays ne fait qu’aggraver la situation.

Des engagements financiers à revoir

L’Afrique du Sud a signé un JETP d’une valeur de 8,5 milliards de dollars pour faciliter sa transition vers des énergies plus propres. Cependant, le gouvernement se retrouve maintenant dans l’obligation de renégocier certains accord autour de 2,6 milliards de dollars sur cette somme, afin de faire face à l’ampleur des défis.

Le JETP vise à créer un cadre de soutien financier pour que l’Afrique du Sud puisse se distancier progressivement du charbon tout en assurant une transition juste et équitable, avec l’accent sur l’impact social. Cependant, cette stratégie ne peut pas se faire du jour au lendemain : elle nécessite un investissement substantiel et des efforts collaboration.

L’importance du gaz naturel dans la transition

Dans le contexte de cette transition, la production d’électricité à partir du gaz apparaît comme une option pragmatique. En recourant au gaz naturel, l’Afrique du Sud peut rapidement rétablir un équilibre, tout en continuant ses investissements dans les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Les infrastructures existantes peuvent être modernisées avec des turbines à gaz, permettant une conversion plus fluide par rapport à l’abandon pur et simple du charbon. Ce processus de transition vers le gaz pourrait également significativement réduire les coûts en épargnant la nécessité de bâtir de nouvelles infrastructures.

Les défis à relever

Le parcours vers une énergie renouvelable est semé d’embûches. Actuellement, l’Afrique du Sud n’atteint qu’environ 14,1 % de production d’énergie renouvelable, avec des prévisions d’atteindre près de 29 % d’ici 2030. Bien que la transition vers les énergies renouvelables soit cruciale, le processus est encore trop lent pour compenser les pertes engendrées par les pannes de centrales au charbon.

Si aucune action préventive n’est mise en œuvre, le pays prend le risque de se retrouver dans une impasse au moment où les centrales au charbon devront être fermées. La dépendance continue au charbon ne faisant que retarder une crise inévitable, et le recours au gaz pendant cette transition devient vital.

Le Sénégal : Une stratégie énergique différente

Une situation plus favorable

En comparaison, le Sénégal connait une dynamique différente dans sa transition énergétique. Éloigné du charbon, le pays s’appuie sur des sources de combustibles liquides et vise à augmenter sa capacité en énergies renouvelables. Avec un JETP de 2,7 milliards de dollars, le Sénégal est bien positionné pour attirer des investissements supplémentaires.

Les partenariats sont cruciaux ici où la technologie est au centre des préoccupations. Le pays bénéficie d’un support technique de la part de ses partenaires internationaux, visant à optimiser l’intégration des énergies renouvelables et à stabiliser le réseau électrique.

Des objectifs ambitieux

Le Sénégal a des objectifs ambitieux, désirant que les énergies renouvelables représentent 40 % de sa capacité installée d’ici 2030. Actuellement à 22 %, ce changement nécessite une stratégie solide et des plans d’investissement clairs. La création d’une contribution déterminée au niveau national (CDN) révisée lors de la COP30 en 2025 permettra au pays de définir ses priorités et d’aligner ses besoins en matière d’investissements.

Le soutien international : Un enjeu primordial

L’entraide de la communauté internationale pour le Sénégal se traduit par des engagements pour l’atteinte d’un mix énergétique renouvelable, ce qui renforce le concept de coopération au développement. La transparence dans les investissements et la mobilisation de ressources financières se révèlent essentielles pour garantir un avenir stable sur le plan énergétique.

Critiques et réflexions sur les JETP

Bien que les JETP représentent une avancée vers des solutions énergétiques plus durables, ils ne sont pas exempt de critiques. D’abord, il reste des doutes quant à la suffisance de ces investissements pour combler le fossé financier lié à la transition énergétique en Afrique. De nombreux pays sont confrontés à des difficultés pour attirer des investissements privés substantiels.

Les JETP doivent évoluer vers des mécanismes financiers plus robustes et des stratégies de financement innovantes afin de catalyser une transformation réelle de l’industrie énergétique. La nécessite de transparence dans l’utilisation des fonds est tout aussi cruciale pour maintenir la confiance investisseur-pays.

Conclusion

La transition énergétique en Afrique du Sud et au Sénégal met en lumière un défi formidable que les pays en développement doivent relever dans un climat mondial en transformation rapide. En s’appuyant sur des JETP et en forgeant des partenariats stratégiques, ces nations prennent des mesures importantes pour abandonner les combustibles fossiles et naviguer vers des sources d’énergie durables.

Cependant, la route est semée d’embûches et requiert une approche équilibrée entre engagement financier, collaboration internationale et protection des intérêts locaux. Pour réussir, l’Afrique doit raccorder son potentiel énergétique à des réalités socio-économiques tout en respectant son propre rythme de développement.

Le succès de l’Afrique dans cette transition énergétique pourrait non seulement transformer son paysage économique, mais également servir de modèle inspirant pour d’autres nations en développement, démontrant que des solutions durables peuvent être atteintes de manière britannique et respectueuse des contextes locaux. La coopération, l’investissement et le respect des réalités seront les clés de l’avenir énergétique de l’Afrique.