un appel lancé au Président de la République pour la libération du général Abdoulaye Miskine

Appel à la Justice au Tchad : L’incarcération préoccupante du Général Abdoulaye Miskine

Lors d’une réunion récemment tenue, les avocats représentant des détenus au Tchad ont tiré la sonnette d’alarme sur une situation qui dépasse les limites de la décence et de la légalité. Ils dénoncent non seulement une détention prolongée, mais aussi des violations flagrantes des droits humains en vertu des lois en vigueur. Dans un appel solennel, ils se tournent vers le Maréchal du Tchad, Chef de l’État, en demandant la libération immédiate de leurs clients, dont le Général Abdoulaye Miskine, dont les conditions de détention et l’état de santé continuent de se détériorer.

Des conditions de détention alarmantes

Lors de sa prise de parole, Maître Madjitebaye Ganguimguimbaye a évoqué avec gravité les conditions de vie déplorables au sein de la maison d’arrêt de Klessoum. Celles-ci affectent le bien-être physique et psychologique des détenus. L’accent a été mis sur la santé fragile du Général Miskine, qui souffre de multiples maux, mettant ainsi en lumière les doléances d’un collectif d’avocats qui exige avec insistance une intervention des autorités tchadiennes pour remédier à cette situation.

Abdoulaye Miskine, connu sous le nom de Koumtanmadji Martin, est le leader du Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC), un groupe armé qui a signé l’accord de paix de Khartoum en février 2019. Il avait accepté de se rendre volontairement, en réponse à un appel du défunt Maréchal Idriss Déby Itno, mais ce geste de bonne volonté s’est soldé par une arrestation brutale à N’Djamena le 25 octobre 2019, où il a été placé en détention dans un endroit tenus secret.

Une procédure judiciaire entachée d’irrégularités

Les avocats décrivent également une procédure judiciaire entachée d’irrégularités et d’injustices, pouvant être qualifiée de défaillante. Bien que le gouvernement centrafricain ait demandé leur extradition, les accusés ont été traduits devant le parquet de N’Djamena, où ils ont été inculpés pour une série d’infractions graves : insurrection, association de malfaiteurs, enlèvement, séquestration, extorsion, assassinat, viol et torture. La longueur et la complexité de la procédure soulèvent de nombreuses questions sur l’équité du système judiciaire.

Le 1er juin 2020, le Général Miskine et ses coaccusés ont été placés sous mandat de dépôt et transférés à la maison d’arrêt d’Amssinéné, où les conditions de détention sont décrites comme déplorables. Selon l’article 312 du code de procédure pénale tchadien, la détention préventive ne devrait pas dépasser un an dans les affaires criminelles. Or, ils entrent aujourd’hui dans leur sixième année de détention sans que leur procès n’ait été programmé. Ce constat alarmant interroge non seulement l’application de la loi au Tchad, mais aussi les mécanismes de protection des droits des détenus.

Le collectif souligne qu’aucune ordonnance de prolongation de la détention préventive n’a été émise par le magistrat instructeur, en total décalage avec l’article 313 du code de procédure pénale. De plus, malgré une notification du 27 juin 2021, les accusés n’ont pas comparu devant la Chambre criminelle. En vertu de l’article 315, ce retard inacceptable aurait dû entraîner leur mise en liberté d’office.

Malgré des relances répétées, notamment celle du 18 septembre 2024, le Parquet général reste silencieux et n’a pas encore enrôlé le dossier pour un jugement, exacerbant davantage la frustration des avocats et des familles des détenus.

Santé en déclin et traitement inhumain

Une autre dimension tragique de cette situation concerne les problèmes de santé du Général Miskine. Son état s’est considérablement détérioré, et il souffre de problèmes rénaux, d’hypertension et de troubles de la vision. Les avocats ont tenté d’intervenir en écrivant à plusieurs instances, y compris le Président de la République, le Ministre de la Justice, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, sans recevoir aucune réponse jusqu’à présent.

Malgré les recommandations de son médecin pour qu’il pratique une activité physique régulière, l’environnement carcéral actuel ne permet pas une telle prise en charge. L’absence de soins médicaux appropriés et de nourriture adéquate aggrave ses problèmes de santé, une situation d’autant plus préoccupante compte tenu de son statut d’officier supérieur étranger. Au lieu de répondre à ses besoins, les autorités pénitentiaires continuent de refuser systématiquement d’autoriser des soins médicaux spécialisés, laissant le Général Miskine dans un état de vulnérabilité extrême.

Face à ce qu’ils qualifient d’« ambiguïté judiciaire transformée en affaire politique », les avocats appellent à une action décisive de la part du Chef de l’État pour mettre fin à ce qu’ils considèrent comme une injustice flagrante et une violation des droits humains.

La nécessité d’une action urgente

Ce cas attire l’attention sur la précarité de l’État de droit au Tchad, et sur un système judiciaire qui semble incapable de protéger les droits de ses citoyens. En effet, les avocats affirment qu’une telle décision de la part du Maréchal du Tchad pourrait envoyer un message fort, non seulement aux parties impliquées dans ce dossier, mais aussi à tous les Tchadiens en quête de justice. Dans un climat où les détentions préventives prolongées et les violations des droits fondamentaux sont monnaie courante, il est impératif que les autorités agissent de manière significative pour rétablir la confiance en la justice.

En réponse à cette situation, il pourrait être utile d’examiner plusieurs actions possibles :

  1. Réformer le système judiciaire : L’instauration de mécanismes clairs pour examiner les demandes de prolongation de détention, et la sauvegarde des droits des détenus.
  2. Garantir l’accès aux soins médicaux : Établir des protocoles de santé clairs pour les détenus, en veillant à ce que leurs besoins médicaux soient prioritaires.
  3. Démocratiser la communication entre les autorités et les citoyens : Assurer que les correspondances adressées aux autorités reçoivent une attention appropriée et un suivi satisfaisant.
  4. Sensibiliser la population : Renforcer la compréhension des droits humains fondamentaux parmi les citoyens pour qu’ils puissent eux-mêmes défendre leurs droits.

Conclusion : Un appel à l’espoir

Alors que des voix s’élèvent pour dénoncer l’état de la justice au Tchad, il est essentiel de garder espoir. L’engagement des avocats et des défenseurs des droits humains peut produire des changements tangibles et significatifs. La libération du Général Abdoulaye Miskine et de ses compagnons pourrait non seulement restaurer une certaine justice individuelle, mais aussi renforcer l’édifice d’un État de droit au Tchad.

Il en va de la responsabilité de chaque Tchadien d’œuvrer pour un avenir où la justice ne sera pas un concept vide, mais une réalité tangible. Chaque geste, chaque voix et chaque acte compte dans cette lutte pour redonner au peuple Tchadien la dignité qui lui revient. Nous appelons à une prise de conscience collective et à des actions concrètes pour garantir que jamais plus, des situations comme celles vécues par le Général Miskine ne se répètent.