Une Période Important dans l’Histoire du Tchad

Le 28 janvier 2008, le Tchad a vécu l’un des moments les plus dramatiques de son histoire récente. Une colonne rebelle d’environ 300 véhicules a lancé une incursion sur le territoire tchadien en provenance du Soudan, perçant les défenses de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT). Les 2 et 3 février, la bataille a éclaté au cœur de N’Djaména, mais les rebelles n’ont pas réussi à prendre le contrôle de la Présidence de la République. Finalement, la coalition rebelle s’est repliée à partir du 4 février vers les zones frontalières de l’est du pays, cédant devant l’ANT.

Mercredi 30 janvier. Les colonnes rebelles venues du Soudan se dirigent vers la capitale, N’Djamena. Le président tchadien, Idriss Déby Itno, annule à la dernière minute son départ pour le sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba et décide de rester pour se battre.

Jeudi 31 janvier, les rebelles sont à Ati, à seulement 400 km de N’Djamena. L’armée française les observe du ciel, mais ils sont très difficiles à repérer. À N’Djamena, la bataille est inévitable le lendemain. Déby Itno rassemble ses forces et décide d’aller à la rencontre de l’ennemi à Massaguet, à 80 km au nord de N’Djamena.  

À Paris, le Quai d’Orsay s’organise pour prendre une décision sur les événements en cours au Tchad. Le président français, Nicolas Sarkozy, convoque une première réunion de crise à l’Élysée, mais les conseillers s’opposent à l’idée d’un coup de semonce pour arrêter les rebelles.  

Vendredi 1er février, le combat décisif se déroule à Massaguet. Le « comchef » Déby Itno tente de détruire une colonne rebelle, mais en retournant vers le sud, il tombe nez à nez avec une seconde colonne rebelle. Les combats sont très rapprochés et le chef d’état-major est tué. La situation devient critique pour Déby Itno qui se heurte à une nouvelle force rebelle à chaque manœuvre d’évitement. En fin de matinée, sa garde rapprochée et son véhicule radio sont menacés. La chute d’Oum Hadjer marque l’heure de vérité pour le président tchadien alors que les rebelles se rapprochent de N’Djamena.    

Pendant l’attaque de N’Djamena, le 2 février, les rebelles avaient établi des postes de commandement dans différents endroits de la ville, y compris dans les environs du domicile du Premier Ministre de l’époque, Kassiré Koumakoye. Les hélicoptères de l’armée ont bombardé plusieurs quartiers de la ville où se cachaient les rebelles, causant des destructions importantes et touchant des objectifs non militaires et des populations civiles. Les bombardements ont également causé l’incendie du grand marché de N’Djamena, entraînant de lourdes pertes pour les commerçants.

Du 3 au 5 février 2008, tous les services de l’État étaient paralysés, à l’exception de la Présidence de la République. Les événements survenus du 28 janvier au 8 février 2008 se situent dans un contexte politique, social et économique interne et international particulièrement troublé.

Les combats de N’Djamena sont survenus après que de multiples accords de paix ont été signés entre le gouvernement du Tchad et l’opposition politique, ainsi qu’entre le gouvernement et différents groupes rebelles et avec le Soudan. Cependant, la crise du Darfour a eu un impact négatif sur la situation au Tchad et sur les relations entre ce pays et le Soudan voisin.

En mai 2008, les dirigeants de l’Union Africaine (UA) se sont réunis à Addis-Abeba (Éthiopie) pour exprimer leur profonde préoccupation face à l’absence de progrès dans le processus politique de la région rebelle du Darfour, dans l’Ouest du Soudan. L’incursion des forces rebelles en Tchad en 2008 a mis en lumière les défis auxquels les pays africains sont confrontés en matière de stabilité politique et de paix.