une stratégie nationale pour relever les défis et moderniser le secteur de l’élevage
Introduction : L’élevage au cœur des ambitions tchadiennes
Le Tchad, un pays riche en ressources naturelles et agricoles, se trouve à un tournant décisif dans le développement de son secteur de l’élevage. Le 28 janvier 2025, un événement marquant a eu lieu : le ministre de l’Élevage et de la Production animale, Pr Abderahim Awat Atteib, a ouvert un atelier de validation de la politique nationale de développement durable de l’élevage. Ce moment ne représente pas seulement la formalisation d’une politique ; c’est aussi une opportunité pour faire évoluer un secteur qui, aujourd’hui, sert de colonne vertébrale à l’économie rurale et au bien-être de millions de Tchadiens. Avec 53 % du PIB rural qui provient de l’élevage et 40 % de la population rurale qui en dépend pour sa subsistance, l’élevage est bien plus qu’une activité économique – il est vital pour la sécurité alimentaire et le tissu social du pays. À travers cette initiative de trois jours, le Tchad s’emploie à transformer ces défis en occasions d’innovation et de croissance.
Un processus réfléchi et participatif
Le président du comité d’organisation, Dr Adam Hassan Yacoub, a été le porte-parole d’une démarche qui a débuté en mars 2022. Ce processus est le fruit d’un travail rigoureux et d’une collaboration étroite entre divers acteurs – chercheurs, agriculteurs, et décideurs politiques. Chacun a été impliqué dans la conception des documents stratégiques qui serviront de fondement à la politique nationale de développement de l’élevage. Ces documents abordent des aspects cruciaux tels que :
La mise en place d’un cadre juridique et institutionnel : Garantir des lois et règlements adaptés qui soutiennent le secteur de l’élevage et encouragent l’investissement.
La recherche et le développement : Stimuler l’innovation à travers la recherche sur les maladies animales, l’amélioration génétique et les nouvelles technologies d’élevage.
L’amélioration de la santé animale : Mettre en place des programmes de vaccination et de soins sanitaires pour réduire la mortalité et améliorer la productivité.
La valorisation des productions animales : Optimiser les chaînes de production pour augmenter la qualité et la valeur ajoutée des produits d’élevage.
- Le renforcement des capacités des acteurs du secteur : Former les éleveurs pour adopter de meilleures pratiques, comprendre les marchés, et améliorer les techniques de gestion.
Par cet atelier, le secteur de l’élevage au Tchad prend le tournant d’une gouvernance éclairée, où chaque acteur se voit impliqué dans la réalisation d’objectifs communs.
Un secteur vital pour l’économie et la sécurité alimentaire
Pr Abderahim Awat Atteib n’a pas manqué de rappeler l’importance fondamentale de ce secteur lors de l’atelier. Avec une population rurale qui repose largement sur l’élevage, ce secteur représente non seulement un pilier économique, mais il est aussi crucial pour ATTÉNUER la pauvreté et MAINTENIR la sécurité alimentaire au Tchad.
Le cheptel national, estimé à 156 millions de têtes de bétail, ainsi que 37 millions de volailles, positionne le Tchad parmi les pays africains à fort potentiel d’élevage. Cependant, des défis considérables se dressent sur sa route. Le changement climatique menace déjà les ressources en pâturages, tandis que les conflits liés à l’utilisation des terres exposent des tensions croissantes. De plus, le manque d’infrastructures modernes pour le stockage et la distribution des produits d’élevage entrave l’accès aux marchés.
Pour illustrer ce point, prenons l’exemple de la région de Barh El Gazel, où de nombreux éleveurs de bovins sont confrontés à des difficultés d’accès à l’eau et aux pâturages en raison des changements climatiques. Cela impacte non seulement leur production, mais également la qualité de vie des familles qui dépendent de cette activité. Des solutions intégrées sont nécessaires pour développer des pratiques d’élevage resilientes face à ces défis, en intégrant des initiatives de gestion durable des ressources.
Vers un élevage durable et compétitif
À la croisée des chemins, le Tchad aspire à une politique stratégique qui va au-delà des simples recommandations. Le document clé, intitulé « L’élevage hier, aujourd’hui et demain », cherche à aligner les objectifs de développement du secteur avec les ambitions de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine. Cela implique non seulement d’accroître la productivité, mais également de créer des voies d’accès aux marchés internationaux pour les produits issus de l’élevage tchadien.
Le ministre a insisté sur l’urgente nécessité de solutions novatrices qui moderniseront le paysage de l’élevage. Cela comprend l’industrialisation de certaines pratiques d’élevage, l’introduction de technologies de pointe pour la gestion du bétail, et des campagnes de sensibilisation sur les méthodes d’élevage durables.
Les exemples de pays africains qui ont réussi à transformer leur secteur de l’élevage grâce à des réformes audacieuses font rêver. Des initiatives telles que les coopératives d’éleveurs au Kenya, qui ont permis de regrouper les ressources et d’accroître leur pouvoir de négociation sur le marché, montrent qu’un engagement collectif peut aboutir à des résultats probants. Le Tchad peut ainsi tirer des leçons et s’inspirer d’autres modèles qui ont prouvé leur efficacité.
Une ambition nationale affirmée
Le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno a clairement affirmé lors de l’ouverture de ce séminaire que le développement de l’élevage est un enjeu de taille pour le Tchad. Qualifié de « seconde mamelle » de l’économie, l’élevage est perçu comme un levier primordial pour diversifier les sources de revenus du pays. Le Programme Politique Quinquennal 2024-2029, qui se fixe comme objectif de rendre l’élevage tchadien compétitif à l’échelle nationale et internationale, est une promesse de transformation et d’innovation.
Ce programme s’articule autour de divers axes, notamment :
- Le soutien à des nouvelles formes d’agriculture intégrée qui mêleraient crops et élevage.
- La mise en place de systèmes d’assurance pour les éleveurs afin de les protéger contre les pertes dues aux catastrophes naturelles.
- L’incitation à investir dans des infrastructures améliorées pour la transformation et la commercialisation des produits animaux.
Un avenir prometteur à condition de relever les défis
L’atelier, qui se poursuit jusqu’au 30 janvier 2025, représente un moment charnière pour que le Tchad surmonte les obstacles présents dans le secteur de l’élevage. L’engagement des parties prenantes, allié aux idées novatrices qui émergeront de ces discussions, ouvrent la porte à la possibilité de renforcer l’élevage comme pilier majeur du développement socio-économique du pays.
Il est essentiel de garder à l’esprit que la réussite de cette politique dépendra de la mise en œuvre pratique de ses recommandations. La collaboration entre le gouvernement, les entreprises et les éleveurs sera fondamentale pour garantir que chaque acteur du secteur puisse participer à cette transformation.
Conclusion : Un appel à l’action pour un avenir durable
À l’issue de cet atelier de validation, une vision claire se dessine pour l’avenir de l’élevage au Tchad. En capitalisant sur ses ressources, en modernisant les pratiques et en rassemblant l’ensemble des acteurs autour d’une stratégie commune, le Tchad a les moyens d’assurer la durabilité de son élevage tout en contribuant significativement à son développement économique.
Le chemin vers la réalisation de cette ambition est balisé par des défis, mais avec une volonté politique forte et l’engagement de chaque partie prenante, il est possible de transformer ces défis en opportunités. Pour les éleveurs, les entrepreneurs, et même les consommateurs, chacun a un rôle à jouer. C’est le moment de se mobiliser pour que l’élevage tchadien puisse non seulement survivre, mais prospérer. C’est un appel à l’action pour bâtir un avenir où le Tchad, grâce à son élevage, pourra nourrir sa population et renforcer son économie.
Ensemble, construisons ce Tchad que nous voulons, un Tchad où l’élevage est synonyme de prospérité et de durabilité.