« Unicef s’inquiète de la malnutrition maternelle dans 12 pays, dont le Tchad »
Ces 12 pays (l’Afghanistan, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Niger, le Nigéria, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et le Yémen) constituent l’épicentre de cette crise nutritionnelle, laquelle est aggravée par la guerre en Ukraine et par la sécheresse, les conflits et l’instabilité que connaissent actuellement certains pays.
« En raison de la crise alimentaire mondiale, des millions de mères et d’enfants font face à la faim et à la malnutrition sévère », déclare Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Si la communauté internationale n’agit pas de toute urgence, cette crise pourrait avoir des conséquences durables sur les générations futures. »
D’après le rapport, qui fournit un examen complet et inédit de l’état nutritionnel des adolescentes et des femmes dans le monde, plus d’un milliard d’entre elles souffrent de dénutrition (se traduisant notamment par une insuffisance pondérale et une petite taille), de carences en micronutriments essentiels et d’anémie, une situation qui entraîne des effets dévastateurs sur leur vie et leur bien-être.
Une nutrition inadéquate chez les femmes et les filles peut entraîner un affaiblissement des défenses immunitaires, un mauvais développement cognitif et un risque accru de complications graves durant la grossesse et l’accouchement, et générer des effets néfastes et irréversibles menaçant la survie, la croissance et l’apprentissage des enfants, ainsi que leur future capacité à subvenir à leurs besoins.
À l’échelle mondiale, 51 millions d’enfants de moins de 2 ans souffrent d’un retard de croissance, ce qui signifie qu’ils sont trop petits pour leur âge du fait de la malnutrition. D’après une nouvelle analyse présentée dans le rapport, près de la moitié de ces enfants développent ce retard au cours de la grossesse et des six premiers mois de la vie, soit la période de 500 jours durant laquelle un enfant dépend entièrement de la nutrition maternelle.
« Pour prévenir la dénutrition chez les enfants, nous devons également lutter contre la malnutrition chez les adolescentes et les femmes », ajoute Catherine Russell.
L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne, où deux adolescentes et femmes sur trois souffrent d’insuffisance pondérale, et trois adolescentes et femmes sur cinq d’anémie, demeurent l’épicentre de cette crise nutritionnelle. Par ailleurs, les adolescentes et les femmes issues des ménages les plus pauvres sont deux fois plus susceptibles de présenter une insuffisance pondérale que celles issues des ménages les plus riches.
Les crises mondiales continuent d’entraver de manière disproportionnée l’accès des femmes à une alimentation nutritive. En 2021, elles étaient 126 millions de plus que les hommes à connaître l’insécurité alimentaire, contre 49 millions de plus en 2019, ce qui signifie que les disparités entre les genres dans ce domaine a plus que doublé.
Depuis l’année dernière, l’UNICEF intensifie ses efforts dans les pays les plus durement touchés par la crise nutritionnelle mondiale, notamment en Afghanistan, au Burkina Faso, en Éthiopie, en Haïti, au Kenya, à Madagascar, au Mali, au Niger, au Nigéria, en République démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan, au Soudan du Sud, au Tchad et au Yémen, avec la mise en place d’un plan d’accélération visant à prévenir, à dépister et à traiter l’émaciation chez les femmes et les enfants.
Le rapport appelle les gouvernements, les partenaires du développement et de l’action humanitaire, ainsi que les donateurs, les organisations de la société civile et les acteurs du développement, à transformer les systèmes alimentaires, de santé et de protection sociale en faveur des adolescentes et des femmes en :
• Donnant la priorité à l’accès des femmes et des filles à une alimentation nutritive, sûre et financièrement abordable, et en protégeant ces dernières contre les aliments ultra-transformés via des restrictions en matière de marketing, l’obligation d’étiqueter ces produits sur la face avant des emballages et la taxation.
• Mettant en œuvre des politiques et des mesures juridiquement contraignantes pour étendre à grande échelle l’enrichissement des aliments de consommation courante tels que la farine, l’huile de cuisson et le sel, en vue de réduire les carences en micronutriments et l’anémie chez les femmes et les filles.
• Garantissant aux adolescentes et aux femmes vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire un libre accès aux services nutritionnels essentiels avant et pendant la grossesse, ainsi qu’en période d’allaitement, pour y recevoir notamment une supplémentation en micronutriments multiples.
• Élargissant l’accès des adolescentes et des femmes les plus vulnérables aux programmes de protection sociale, notamment aux transferts en espèces et aux bons d’échange, afin qu’elles puissent bénéficier d’une alimentation nutritive et diversifiée.
• Accélérant l’élimination des normes sociales et de genre discriminatoires, telles que le mariage d’enfants et le partage inéquitable de la nourriture, des ressources, des revenus et des tâches domestiques au sein du ménage.
« L’impossibilité pour une fille ou une femme d’accéder à une nutrition appropriée perpétue l’inégalité des genres », poursuit Catherine Russell. « Les capacités d’apprendre et de subvenir à ses besoins sont amoindries. Le risque de complications graves, notamment durant la grossesse et l’accouchement, augmente, de même que la probabilité de donner naissance à un enfant dénutri. Nous savons comment fournir un soutien et des services nutritionnels vitaux aux femmes et aux enfants qui en ont le plus besoin. Il nous reste à mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires pour agir. Il n’y a pas de temps à perdre. »